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 an eye for an eye, we'll leave the whole world blind

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Malini Kapoor
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MessageSujet: an eye for an eye, we'll leave the whole world blind   an eye for an eye, we'll leave the whole world blind EmptyLun 2 Oct - 0:20



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Ses premiers pas à Olympia ne s'étaient définitivement pas passés comme prévu. Elle ne s'attendait certainement pas à être accueillie avec les honneurs, mais être auréolée de si bon matin par autant de mots violents n'étaient pas forcément le meilleur moyen de démarrer la journée. Ce qui rendait ces mots particulièrement violents ? C'est qu'ils venaient d'Elanor. La soit disante incarnation de la bonté avait lancé tout de go à la recruteuse qu'elle était toxique.
Malini, elle n'aurait pas eu l'audace de le nier. Elle le reconnaît même, comme si c'était sa marque de fabrique. Elle est imprégnée de cette toxicité, celle d'une femme qui frôle toujours les limites de la folie, qui accumule depuis des années des pensées moroses issues d'un deul jamais complété et qui continue de lui ronger les entrailles, bête vicieuse et affamée. Elle est toxique et ça se ressent dans l'attitude des gens autour d'elle. Ils sont nombreux à le flairer, à rester éloignés, à la détester ouvertement comme Jenna ou à carrément la fuir comme Caden. Toxique et ça se voit sur sa figure même, entre le voile de folie dans son regard et l'ecchymose qui décore sa pommette.

Et maintenant, c'est au tour de Bass de ressentir cette toxicité, de s'en préserver avec un instinct de survie qu'elle ne peut que comprendre tout en le regrettant profondément. C'est qu'elle est à fleur de peau la recruteuse, les nerfs piétinés par le trajet jusqu'ici, le ventre consummé par l'appréhension et le désagréable picotement du mauvais pressentiment qui lui effleure l'esprit. Ça va mal se passer. Mais ça doit se passer. C'est qu'elle ne supporte plus ce silence radio, ce manque d'explications. Quitte à souffrir de sa désaffection, elle aimerait bien en connaître les raisons et éventuellement tirer les choses au clair. Ou tourner la page. Accepter la perte. (Impensable pour elle, dans les circonstances actuelles.)
Malini avait été le chercher partout. Chez lui, à la bibliothèque, dans les rues, mais il demeurait introuvable. Presque découragée, l'idée de retourner à l'infirmerie lui traverse l'esprit et elle se mord les lèvres. Bien sûr qu'il y a été, et bien sûr qu'Elanor s'était précipitée pour lui raconter l'entrevue, sûrement en grossissant encore plus les traits. Elle serait la méchante, l'horrible bonne femme, celle qui manipule, trahit, blesse la jeune héroïne juste par plaisir d'être cruelle. Toute nuance de sa personnalité serait effacée au profit d'un monstrueux amalgame. Si elle n'était pas dans un tel état, peut-être qu'elle en aurait ri.


Mais ce n'est pas l'heure de rire. C'est l'heure de prendre son courage à deux mains, l'heure d'errer jusqu'à le trouver. Ses pas la mènent vers le chemin de l'infirmerie à nouveau, un pari gagnant puisqu'elle le voit en sortir, l'air pressé et très certainement furieux. Elle se retire du chemin, s'assoit sur les marches du porche d'une maison devant laquelle il n'a pas d'autre choix que de passer. Elle est légèrement cachée par le lierre qui a recouvert les barrières, juste de quoi rester hors de sa vue jusqu'au dernier moment, pour qu'il ne puisse plus se défiler. Et même si elle se donne un air décontracté, ses jambes étendues comme si elle prenait simplement le soleil, elle a l'estomac tapi par le stress. Quand la silhouette du viking entre dans son champ de vision, elle lance assez fort : "Game over. C'était une bonne partie de cache cache, mais cette fois je t'ai trouvé." La recruteuse ne dégage aucune expression, mais ses yeux scrutent le blond, cherchent chaque détail qui a pu changer depuis la dernière fois qu'elle l'a vue, quelques mois plus tôt. "Il faut qu'on parle." Intransigeante, elle ne laisse pas d'autres échappatoires.

 
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MessageSujet: Re: an eye for an eye, we'll leave the whole world blind   an eye for an eye, we'll leave the whole world blind EmptyLun 2 Oct - 12:39

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( Sharp are the arrows of a broken heart )
Malini & Bass


Mai 2017
Malini était à Olympia. Une information que Bass s’efforçait de nier depuis qu’un garde la lui avait transmise ( pensant lui faire plaisir, le sourire goguenard de l’homme donnant des envies de violence au chef des recruteurs ). La dernière semaine qu’elle avait passé en ville, Bass avait cru toucher du doigt quelque chose de bien, pour une fois dans son existence. Quelque chose qui serait à lui - oh non, ce n’était pas une revendication possessive d’un autre humain, tout au contraire : juste, un petit bonheur, quelque chose qui lui serait propre, secret en son coeur. Personnel, dont la manière dont le regard de Bass couve doucement les joues de l’indienne , quand il la regarde quand elle ne le voit, comme le coin de ses lèvres lorsqu’il la taquine, amusé, l’esprit léger pour quelques instants.
Bass remonte la large allée bordée d’arbres et de maisons, sans regarder - ni autour de lui, ni devant lui, son regard bleu fixé au sol, se replongeant mentalement dans ceux d’Elanor, dans ceux de Malini, les deux femmes se juxtaposant dans son esprit jusqu’à se confondre. La différence : il ne voulait voir Malini, ne le supporterait, et ses doigts étaient encore humides des larmes d’Elanor, qu’il venait de laisser après s’être assuré qu’elle respirait convenablement, sans asthme ni sanglots..  La porte de l’infirmerie claque derrière lui, excuses aux infirmières. Il était furieux - furieux et une litanie d’autres adjectifs qui viendraient à plus lettrés que lui - où tout simplement à quelqu’un qui aurait envie d’examiner les émotions qui lui tordent l’estomac et font de la bile dans sa gorge, lui font serrer les dents et adopter un regard suffisamment incendiaire pour effrayer les Olympiens. Effrayer Elanor aussi, mais face à elle il n’avait été que douceur et consolation - Beckett était le coupable, ni elle ( elle n’avait rien fait, la douce ), ni Malini ( apparemment, elle avait rompu avec Caden). Beckett pour être affamé comme un chien, Bass pour avoir cru qu’il pouvait toucher les étoiles.  Furieux, dégoûté, blessé, amer, rejeté, cynique, renfermé sur lui et même ses plaies, isolé du monde.
Tout ça pour quoi ? Bass n’arrivait pas à se persuader que c’était de l’amour.  C’était sans doute idiot et naîf  de sa part, mais il ne parvenait à pas penser que Malini et Beckett s’aimaient. Ils ne pouvaient pas. Cela compressait son coeur comme pour en faire suinter les derniers restes de sentiments.  Il ralentit, un dixième de seconde, au moment où son coeur tressaute d’entendre sa voix. Le blond lui jette un regard sur le côté, furtif, pour constater son mouvement plein d’aplomb. Pas une hallucination, pas un fantôme, pas un désir enfoui. Malini.

Bass lui accorde un regard, un seul - un sourcil arqué et une grimace complaisante sur les traits. ”- Le jeu.” Ah oui, le jeu. Il inspire profondément, hochant la tête, la moquerie de sa voix distillée par l’amertume. Le jeu oui - c’est de sa faute à lui. Il a perdu car il a oublié que tout entre elle et lui était un jeu. Une compétition, une session de cache-cache et de taquineries. Oh, Bass adorait ça, il s’était enivré de ses sensations - et cela lui manquait, ça, ça lui manquait. Mais ils n’y reviendront pas, car à un moment ils avaient cessés d’être sur la même page. Bass aimerait oublier mais après un mois à se cacher de Malini, ce n’est pas le même. “- Il n’y a rien à dire. J’ai perdu.” Il refuse de la regarder - se laissait avoir par les yeux de biche, la moue de ses lèvres - pire, s’il voit le bleu sur la joue, il aura envie de la toucher, de la protéger. Sentiment non-voulu.  Heureusement, les hématomes que Beckett a causé à Bass peine à s’effacer sur la peau trop claire du blond, taches jaunes pâles qui ne lui font plus mal. Mais il s’en souvient. De la rage, de la fureur, des mots évoqués et de la jalousie malvenue lui tordant le ventre. Alors il fourre les mains dans ses poches, grince un rictus qui se veut bon enfant et bon joueur, et il continue son chemin.
 
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MessageSujet: Re: an eye for an eye, we'll leave the whole world blind   an eye for an eye, we'll leave the whole world blind EmptyLun 2 Oct - 21:13



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Elle avait été le chercher partout, et maintenant qu'elle l'avait presque entre les doigts, il voulait disparaître. Il ne commente pas plus que ça, la regarde à peine, et alors qu'elle a le myocarde en panique dans sa poitrine, appréhendant de terribles invectives, il tourne les talons et reprend tranquillement son chemin. Son air impassible se fissure, son assurance s'effondre comme un soufflé, prouvant encore qu'elle est gonflée mais perd vite de l'air. Il assure n'avoir rien à dire, comme s'il se contentait de la situation, de la défaite, pire que tout, comme s'il acceptait de perdre sans effort pour se battre. Est-ce que c'était une maladie qu'on développait à Olympia ? Ce mutisme en réaction aux problèmes, alors que les ressentiments bouent à l'intérieur. Elanor lui a fait le même coup le matin même.
Mais Malini n'est pas d'accord, elle est toxique, souvenez-vous. Elle pousse à bout, elle martèle, elle franchit les limites, tout ça bien sûr, de façon négative. "Eh ! C'est pas fini, Ferguson !" Elle se relève, bondit même et se précipite pour lui barrer le chemin, le forcer à la conversation musclée – un euphémisme, s'entend – qu'il ne semblait pas vouloir mais avait sûrement déjà préparé mille fois dans sa tête. Ses bras se croisent avec détermination sur sa poitrine. Son visage a l'air de dire NON. Non, il n'a pas le droit. Pas le droit de s'éloigner d'elle.  Tant qu'elle même n'en aura pas décidé. Pas parce qu'elle se croit aux commandes, mais parce qu'elle refuse de vivre dans le flou, quitte à s'en prendre plein la gueule. Ne pas savoir, c'est pire que de se prendre une explosion de reproches. "T'as pas arrêté de m'éviter, mais tu peux pas fuir pour toujours. Et je compte pas partir tant que tu m'as pas balancé tout ce que tu retiens."

Est-ce qu'elle est prête à tout entendre ? Sûrement pas. Elle n'a pas les épaules solides comme elle le fait croire. Surtout que d'après Beckett, Bass n'avait pas eu que des mots tendres à son égard. Et ça la ronge. Jusqu'à maintenant, Bass avait été son point d'ancrage pour ne pas perdre pied. Leurs moments rien qu'à deux, à courir les bois, à se chamailler, à se mesurer, à se séduire, tous ces moments étaient un moyen d'échapper au nuage gris qui menace souvent de la submerger. Quand elle était avec lui, elle ne pensait pas à ses problèmes, elle ne pensait pas à sa douleur, elle ne pensait pas à l'errance, à la mort, à tout ce qu'elle tenait pour inéluctable et qu'elle cultivait au quotidien. Perdre tout ça, le perdre tout court, ça ne serait qu'un coup dur en plus pour l'achever. Ce serait comme couper les derniers fils qui la maintiennent à la réalité. Étrange, n'est-ce pas ? La réalité ne lui a jamais paru aussi proche que lorsqu'elle vivait des moments fantaisistes avec lui. Peut-être parce que le reste du temps, elle est spectatrice de son existence et avec Bass, elle a l'impression d'être plutôt en charge.
Dents serrées, elle laisse néanmoins passer, sur un ton un peu plus doux. "Et tu sais que je suis pas du genre à lâcher prise."

 
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MessageSujet: Re: an eye for an eye, we'll leave the whole world blind   an eye for an eye, we'll leave the whole world blind EmptyLun 2 Oct - 22:30

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( Sharp are the arrows of a broken heart )
Malini & Bass


Mai 2017
Bass s’immobilise que lorsqu’il n’a plus le choix, à quelques centimètres de Malini, son torse effleurant ses bras. Il est pris d’un frisson - pas un frisson de désir plutôt un hoquet de recul. Il ne veut pas la toucher. Ce n’est pas de la révulsion, pas encore, mais il refuse d’entrer en contact avec elle, lui laisser cette chance. Il ne se recule pas, mais se redresse, regardant par-dessus l’épaule de Malini, loin-au dessus dessus de son épaule et de sa tête. L’ignorer, fait mal - Malini suscite en lui tout sauf l’indifférence. Pourtant, il s’efforce de singer le sentiment, le dos raide, le corps fermé ( et à l’intérieur, le coeur qui s’emballe ) et Bass répond “- C’est fini. Essaie pas de m’ordonner.” Baisser la tête face à la police, aux coups du sort, aux problèmes, aux compagnons de cellule - longtemps c’était une part de Bass, car il n’avait pas d’autre choix, l'impossibilité sociale de répliquer. Il a changé. Il se bat jusqu’au bout, surtoutpour les causes perdues. Jamais pour lui - il n’oserait pas, comme il renfermait la jalousie qu’il éprouvait quelque part loin de sa vue. C’était avant tout pour Elanor qu’il avait montré les dents à Beckett, pour elle encore qu’il était sorti furieux de l’infirmerie. Et parce que ça réveillait quelque chose en lui - quelque chose qu’il n’assume pas.

Il l’évite pour son propre bien - à lui, à elle. Pour la dernière fois réunis dans le même sac. Crever l’abcès c’est arrêter de crever à petit feu pour se donner la mort pour de bon. C’est la perdre. Il y a encore quelques mois, il n’imaginait plus sa vie sans le retrouver. Il ne l’imagine toujours pas, mais baisser les yeux sur elle est impensable. Impensable, l’idée de lui faire du mal, de la blesser. Il laisse échapper un son amusé, sceptique. ”- Vraiment ? Je sais ça ?” Il rive son regard au ciel, et ça y est. Il perd pied, il ne supporte pas l’idée qu’il n’y ait plus rien entre eux, qu’il erre à la dérive, et la revoir, enfin, après tout ce temps cela cristallise tout. Le manque vague se transforme en claque mentale, la colère théorique qu’il éprouve a un visage, la haine et la confusion se mélangent et le font vibrer à nouveau, le regard noir. La blessure se rouvre, plus béante au premier jour, piquée des coups de fourchettes des altercations, de l’imagination, des larmes. “- Je sais rien de toi. Il la fixe, avec une sorte de moue dégoûtée sur les traits. Incompréhension dans son murmure, qui s’affirme jusqu’à devenir farouche, ferme, agressive dans son calme mortel. “- Tu aimes jouer. Tu aimes te faire désirer. Tu aimes jouer le rôle d’une femme passionnée, fragile alors que tu es vide au-dedans. Tu aimes avoir mal et tu aimes faire du mal. Ca je le sais.”Son regard si pâle qu’il est presque transparent et sans vie le fixe, droit dans les yeux, stoïque et sans expression alors qu’il assène chaque mort, calme assurance, indifférence distante, sans colère, sans nier quoique ce soit. Les plus longues paroles qu’il ait jamais prononcé, pourtant, il n’a pas l’impression d’être là. Ces mots pourraient avoir un tout autre sens, il pourrait les prononcer pour la toucher, établir un contact, croiser son regard et la rencontrer à mi-chemin, lui rappeler qu’il éprouve la même chose qu’elle. Mais Bass est épuisé de ressentir, d’aimer. Il voudrait n’avoir jamais eu de seconde chance. Il hausse les épaules, vaguement. “Tu lâches prise, tu fuis, tu refuses de toucher quoique ce soit. Cherche quelqu’un d’autre, t’es bonne à ça.”

 
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MessageSujet: Re: an eye for an eye, we'll leave the whole world blind   an eye for an eye, we'll leave the whole world blind EmptyMar 3 Oct - 9:35



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Elle le savait dès le départ qu'elle n'aurait pas la force de vraiment supporter cette conversation. Elle était partie avec mille scénérios en tête, mais ce n'est jamais une bonne préparation à la réalité. La réalité, c'est quand il fuit le regard, comme si elle ne méritait même pas qu'on la descende en la regardant dans les yeux. Est-ce que c'était plus facile pour lui de ne pas l'avoir en face ? Ou est-ce que c'était tout simplement parce qu'il n'avait même plus d'estime pour elle au point qu'il ne voulait même pas lui accorder un regard ? Dur à déterminer quand elle n'a pas les iris du recruteur à analyser. Les yeux sont une fenêtre de l'âme paraît-il. Mais à quoi ça sert d'avoir une fenêtre si la lumière est éteinte ? Le nuage gris. Malini, elle a un nom pour toutes les entités qui la hantent et rendent chaque nuit difficile et chaque réveil pire. Le nuage gris nimbe son esprit pour la plonger simplement dans une catatonie des émotions. Le nuage gris se rapproche à chaque fois que Bass prononce un mot et que ça résonne à l'intérieur d'elle. Le nuage gris la protège de la douleur, l'enferme pour l'empêcher de dérailler et de pousser l'indienne à commettre le pire.
Il a raison. Elle est vide. Mais il a tort sur autre chose : elle ne prétend pas. Elle n'a jamais feint être une bonne personne. Ne l'a-t-il pas compris dès le premier jour quand dans ses yeux brillait une certaine lueur d'excitation après leur double-meurtre ? Tout ce qu'elle lui a dit sur elle est vrai, alors il ne peut pas faire comme s'il avait fréquenté une illusion et qu'il n'en découvrait que maintenant les décors. Il ne pouvait faire l'homme déçu de tout ce qu'elle avait toujours affirmé être.

Sa voix bute face au regard clair. Clair comme l'eau qui vous lave de tout. Elle avait l'habitude de trouver du réconfort ou de la complicité dans ce regard. Mais maintenant il n'y a rien. Pire encore, il y a du dégoût. Pour elle. Alors elle bute. "Je..." Elle quoi ? Elle est affectée par tout ce qu'il vient de lui dire ? C'est encore un doux euphémisme. À l'intérieur elle sent son estomac se retourner et lui remonter dans la gorge alors qu'un frisson vient lui glacer l'échine. "Je n'aime pas faire du mal. C'est pas vrai." Elle fait du mal oui, elle ne sait faire que ça, mais ça ne lui procure pas du plaisir pour autant. C'est plus un réflexe, un système de défense, comme l'animal qui mord quand il a peur d'être amadoué par l'homme. Elle fait du mal parce qu'elle est un animal qui doit être apprivoisé pour aimer. "Je fuis pas. Je suis juste là, devant toi, à essayer de comprendre !" Sur la défensive, prise au piège par sa propre audace d'avoir voulu s'expliquer. "C'est ça le problème ? Un autre ?" Elle s'agite un peu, comme prise entre deux phares sur le point d'être écrasée, tentant par tous les moyens de se sauver la vie. Elle veut lui faire dire ce qu'il enfouit en lui, ce qui l'a poussé à laisser des marques sur le visage du cavalier et ce qui orne aussi son visage à lui. Elle veut comprendre pour qui et pour quoi les coups ont été si violents. Et puis le ton retombe, reprend une certaine froideur. "Je me souviens pas t'avoir promis quoi que ce soit. Excuse-moi, mais si fréquenter un homme fait de moi une pute selon tes mots, ça en dit plus sur toi que sur moi."
 
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MessageSujet: Re: an eye for an eye, we'll leave the whole world blind   an eye for an eye, we'll leave the whole world blind EmptyJeu 5 Oct - 17:25

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Malini & Bass


Le plus dur c’est la désillusion. La trahison. La blessure qui ne se referme pas, qui ne se refermera peut-être jamais. Savoir qu’il ne pourrait pas croiser son regard, car il y verrait la même chose qu’il y aurait toujours trouvé, que naturellement son corps et son coeur s’en rapprocherait, pour y rechercher ce dont il avait besoin. Ce dont ils avaient tous les deux besoin. Le fait qu’il avait cru la connaître mais qu’il n’avait jamais été aussi loin d’elle que lorsque leurs lèvres s’étaient jointes, leurs mains frôlées, la lueur de malice et de crime miroitant l’un et l’autre regard.
Les mots prononcés sont-ils durs ? Une part de lui hurle que lui, que ses lèvres brûlent son propre coeur et qu’il n’est pas là pour lui faire du mal. L’autre ? N’a pas la force de se jeter dans la bataille, de jouer au martyr, au protecteur, à l’amoureux. Même sans que ce soit volontaire, cela lui fait mal. Plus le fait que ses illusions se sont déchirées et qu’il ne retrouvera jamais l’innocence des bois, que la trahison elle-même. Plus les larmes d’Elanor que les coups de Beckett. Il persuadé que Malini n’a fait que lui mentir, que les facettes captivantes de la jeune femme se révèlent être hypocrisie.

Une part de lui sait que chacun des mots prononcés n’est qu’une dissonante vérité, dont la violence assénée n’est dûe qu’à son ton calme et qu’ils sont vrais, prononcés par un homme, un ami, et non pas par le froid miroir de l’esprit de Malini. ”- Quoi ?” Il est abasourdi par la question. Un autre ? Un autre quoi, un autre homme, un autre regard, un autre ami, un autre enfant ? Il est pris de cours parce qu’il ne l’a jamais formulé ainsi dans son esprit. Pour lui, le problème c’est pas un autre, c’est pas Beckett. Ou plutôt si, mais pas exactement - le problème n’est pas qu’il a été remplacé. Mais qu’ils sont interchangeables. Plutôt : qu’il peut être échangé pour mieux sans qu’elle prenne la peine d’un regard. Elle ne lui aurait jamais dit qu’elle l’avait oublié. Toute leur complicité vient qu’ils sont deux animaux, sauvages, farouches, mais en manque de leur meute et d’affection. De compréhension. Mais s’apprivoiser prend du temps et de la confiance pour inverser la peur, et l’habitude. Bass est prêt à mordre, à défaut de fuir. Il la fixe, éberlué, gorge nouée. ”- Tu penses vraiment qu’on a un problème ? Une raison de discuter ?! Tu veux parler ? Admettre qu’il y a un problème, admettre qu’il y avait quelque chose entre eux. Malini ne l’a jamais fait après tout. Il y a une emphase nouvelle sur le mot parler. Parler. Depuis quand ils l’ont fait ? Oui, depuis février. Tout ça pourquoi ? Les mots se sont mis en branle, et il l’a perdu, car parler n’était pas ce qu’elle cherchait. Il ne sent rend pas compte, à la fixer, les yeux trahis.

Puis furieux - il élève le ton, lui qui ne crie jamais, sa voix s’entend, et se porte avec colère; ”- Je n’ai jamais dit ça ! Tu n’as pas le droit de me faire passer pour un connard !” Qu’il y avait quelque chose entre eux, même en se voilant la face, c’était limpide depuis longtemps - mais aucun n’avait amorcé plus d’un mouvement qu’un jeu pudique et platonique, transférant leur tension ailleurs. Il l’a embrassée. Il le lui a dit, qu’il la voulait, mais il l’avait regardé partir sans un regret. Pas pour plus tard. Pas en attente. Pas parce qu’il avait peur qu’elle lui en foute une, pas pour se faire passer pour un gars bien ( il le lui avait dit, sans jeu de jambes, il ne l’était pas, ne le serait jamais, ne pourrait même pas essayer de l’être pour elle ) : parce que c’était ce qu’il voulait, désirait, était. Il serait simplement là, quoiqu'elle veuille. Réponse ? Elle ne voulait pas de lui tout court, même pas en lot de consolation.Elle veut qu’il la regarde ? Il ne la lâche plus des yeux. ”- Tu n’as pas le droit de changer le problème. De croire que c’est ma faute. Tu veux coucher avec un connard, qui se prend pour un mâle, qui te prend dans un coin pourquoi ensuite faire croire à une autre qu’elle vaut mieux que toi ? Prend du plaisir. Je ne suis pas là pour juger. Je ne suis pas là pour te juger ! Sa colère grince des dents, sombre, retenue, alors qu’il s’efforce de ne pas crier, de ne pas condenser sa frustration en agressivité, bien qu’elle explose sur certains mots, surtout te. Jamais. L’avait-il un jour jugée ? Lui avait-il fait un jour pensé que ce qu’elle disait, ressentait serait méprisé ? Elle lui avait parlé de Nisha. De ce nuage gris, de sa solitude. Ou parfois elle n’avait pas parlé, mais il avait compris, et il n’avait pas jugé. ”- Qu’est-ce que j’en saurais hein ? Pas de promesse. Pas les mêmes désirs.  Pas le même monde. ”
 


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MessageSujet: Re: an eye for an eye, we'll leave the whole world blind   an eye for an eye, we'll leave the whole world blind EmptyVen 13 Oct - 16:20



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Ils ont un problème. Bien sûr qu’ils ont un problème et le fait qu’il le conteste aussi vivement la renvoie un peu sur ses gardes, la remet face à ses impressions. Ils. Comme s’ils étaient une entité commune qui devait se rendre des comptes, comme s’ils avaient quelque chose qui les liait absolument. Est-ce que c’est le cas ? Est-ce que c’est ce genre de moment où le voile tombe pour laisser place à un dénouement évident mais dont on s’éloignait par pure mauvaise foi et aussi, par peur évidemment.
Ils existe.

Et ils doivent parler, évidemment. Dans sa tête, ça lui paraît pourtant clair. Elle a quand même le vague souvenir que les amitiés ne se brisent pas du jour au lendemain normalement, elle se souvient même qu’elle était toujours du genre à mettre les choses à plat en cas de conflit. Malini a toujours été rentre-dedans quand il fallait dire les choses. Mais la volonté de Bass à se désister de la conversation la pousse à se demander si ses convictions ont une place légitime dans cette conv… dispute. Peut-être qu’ils ne sont pas amis après tout, peut-être qu’elle baignait dans une illusion qui ressemble à ses réminiscences de l’amitié, peut-être que dès le départ, Bass était sur une autre longueur d’onde et qu’ils ne s’en rendaient compte que lorsque leurs mondes entraient finalement en collision. Collision frontale, qui lui laisse comme un arrière goût dans la bouche et une douleur au fond de l’estomac.

« Comment veux-tu que je ne change pas le problème si je ne connais PAS le problème ? T’es en colère contre moi sans raison ? Tu t’es levé un matin et t’as décidé que ça valait plus la peine que tu me parles ? » La question était pourtant simple : que voulait-il ? « J’arrive pas à suivre tes attentes. » Et elle crache le dernier mot presque. Parce qu’il le sait n’est-ce pas ? Qu’elle n’aime pas les attentes. Qu’elle n’aime pas ces demandes et ces jugements qui transpercent dans les regards autour d’elle et qu’elle n’arrive pas à déchiffrer.
Et finalement, l’huître se referme et les sourcils se froncent. Ses bras viennent couvrir sa poitrine en geste de défense. « Mais qu’est-ce que tu racontes ? Tu le connais pas. Je sais pas d’où tu tires ce portrait de lui, mais tu te fais des idées. Tout le monde dans cette foutue ville se fait des idées sur tout le monde à croire ! Ta petite copine Elanor est du même genre. Pas étonnant que vous vous entendiez si bien.» Laisser le fiel couler, créer cette barrière de mépris pour se protéger, attiser la colère… Ça elle sait gérer, la colère. Elle sait faire face aux réactions excessives, c’est la compassion qui la fait fuir, c’est la gentillesse et la bonté qui la laissent penaude. Mais plus on s’acharne contre elle, plus le marbre de son expression se solidifie. Devant lui, les traits se figent dans un air impénétrable. Mais le regard… le regard trahit. Incapable de laisser transparaitre le moindre élan de froideur au recruteur. S’il y faisait un tantinet attention, il verrait qu’au fond des pupilles, il y avait quelques traces de désespoir.
 
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Bass Ferguson
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MessageSujet: Re: an eye for an eye, we'll leave the whole world blind   an eye for an eye, we'll leave the whole world blind EmptyDim 15 Oct - 12:13

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Malini & Bass


Cela lui retombait dessus, comme s’il s’était levé un matin et il avait décidé d’oublier Malini, de la haïr. Comme s’il en était capable. Bass n’avait jamais essayé d’entretenir la façon dont ses pensées dériver tout le temps vers elle. Il n’avait jamais, vraiment, consciemment, essayé de diriger ses pas pour retomber sur les sentiers où elle avait mis ses pas. Malini valait la peine – de quoi, il n’en avait jamais été certain, mais c’était une certitude qui brûlait en lui depuis leurs premiers jeux. Elle en valait la peine, et elle était la bouffée d’air, de nicotine, de poison, de parfum, qui avait manqué à son existence. Et la colère chez Bass, si elle était violente, meurtrière, elle était dure à éveiller. Il n’était enragé que par l’impardonnable, l’instinct qui frappe et qui protège. Coucher avec Beckett, même s’ils avaient été en couple, cela aurait été pardonnable. Il avait juste eu mal, mais c’était de sa faute, dans leurs circonstances, c’était sa propre douleur qu’il se causait.
C’était tout le reste qui excitait sa fureur, c’était la posture prétendument glaciale de Malini, comme s’il ne pouvait l’atteindre, la toucher. Comme si elle valait mieux que lui et qu’il se comportait juste comme un con. « - J’avais pas … » Peut-être que c’est ça le cœur du problème ? Il a eu des attentes. Il a eu de l’espoir. Il est tombé amoureux comme un con, comme un bleu. Il pensait pourtant qu’il ne lui coupait pas les ailes en s’approchant du feu comme un papillon prêt à mourir. « - Oui, un matin, on va dire ça. » Son ton narquois est mordant. Un matin il avait appris qu’elle n’en avait rien à foutre de ses émotions à lui. Un matin il avait appris que le prénom Beckett réveillerait l’envie de sang en lui. Comme si c’était aussi simple « un matin », comme s’il pouvait l’oublier. Mais oui, un matin, quelque chose s’était fêlé, un après-midi d’avril c’était son poing qui avait fini dans la gueule de Wills. Bass avait cru être capable de s’approcher de Malini sans l’emprisonner, sans lui mette des fers, parce qu’il adorait la liberté et l’esprit de la jeune femme. Il avait cru qu’ils étaient spéciaux, qu’ils trouveraient naturellement un équilibre dont ils manquaient, ensembles. Qu’elle savait à quel point il la respectait et qu’il ne plaçait pas sur elle d’attente – cela pesait sur Bass dans les murs d’Olympia. Malini était la bouffée d’air, grisante, sans laquelle on étouffe. Alors, maintenant, cela lui faisait d’autant plus mal. Il se passe la main sur le visage et il ouvre la bouche pour s’excuser. Pour dire reconnaître ses torts, dire qu’il n’aurait pas du se faire de faux espoirs, supposer plus que ce les lèvres de Malini admettaient réellement. Avant d’avoir un rire circonspects, les mots de Malini le révulsant tant ils sonnent faux à ses oreilles.
Bien sûr – il avait tort sur Beckett ? Pourquoi pas, puisqu’il s’était trompé en beauté sur tout le reste. Il a un rictus moqueur – non il en doutait. « - On se fait des idées, c’est ce qui arrive quand on se préoccupe vraiment de quelqu’un ! On pense à eux, et parfois, on se trompe sur leur compte. Je le connais pas. Je ne te connais pas non plus. » Il se faisait des idées, sans doute, mais comment éviter ça ? A partir du moment où on vivait en communauté, et où l’autre ne cessait de hanter vos pensées – Malini se comportait comme si Bass n’intervenait dans sa vie que par moments, interruptions qui n’avaient rien à avoir avec le reste. Mais depuis des mois, depuis surtout leurs confidences à la bibliothèque, les différentes parties de la vie de Bass, les différentes parties de Bass étaient devenues poreuses, mélangées et Malini était partout.
Le mépris de Malini le rend fou, et le mot d’Elanor dans sa bouche le rend aveugle à ce qui se passe vraiment derrière le masque de la brune. « - Ne t’avises pas de parler d’elle. » Il gronde, soudainement froid et meurtrier. Ses yeux sont froids, dénués de toute la douceur qu’il porte habituellement à Malini bien que son cœur batte la chamade dans sa poitrine, jusqu’à lui faire mal. « - Beckett lui a fait assez de mal comme ça, et elle ne mérites pas ça, tu la laisses en dehors de ça. Il y a de la menace dans sa voix, comme il y en a pour toute personne touchant à ceux qu’il aime. Il secoue la tête, dépité de son comportement. « - Tu es juste jalouse. Tout le monde n’est pas brisé comme toi. Elle est tout ce qui est de bon ici, et toi… Tu viens ici pourquoi au juste ? Nous blesser plus ? Te faire du mal à regarder Ela, et espérer la transformer en toi ? Tu lui as pris Beckett, mais je vais pas la quitter pour toi, pour ça. » Il murmure tristement, sa colère transformée en vague à l'âme, vague dégoût, nostalgie déjà pourrie. Il ne la croirait pas, - ne la croirait plus, alors qu’il recule avant qu’elle ne puisse enfoncer encore le clou, salir leurs souvenirs.
 
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MessageSujet: Re: an eye for an eye, we'll leave the whole world blind   an eye for an eye, we'll leave the whole world blind EmptyMer 18 Oct - 15:10



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Là où le bât blesse. L’expression lui revient en tête alors que la violence dans les propos de Bass prend de l’ampleur. Il déclare ne pas la connaître, mais Malini pense l’inverse. Il la connaît, suffisamment bien pour savoir ce qui la pousse au crime, ce qui la met hors d’elle ou au contraire, ce qui lui… brise le cœur. Une métaphore qu’elle avait toujours refusé d’utiliser mais dont elle constate l’illustration alors que s’ouvre dans sa poitrine un gouffre douloureux. Elle a envie de répliquer que c’est faux, tout est faux, tout ce qu’il dit et tout ce qu’il pense savoir mais en même temps c’est vrai, tellement vrai… Et ça, parce qu’il la connait justement.
Depuis ce mois de février où elle a jugé bon de laisser sa garde, depuis qu’il a vu la faiblesse cachée dans ses veines. Et il y est resté, dans ses veines. Discret, mais tout de même vital pour elle, pour sa survie, pour son esprit. Le fait qu’il l’écoute, qu’il l’ait vue sans artifices, sans atours, sans sa « superbe » comme ils disent mais qu’il soit tout de même resté, qu’il soit tombé pour ça. C’était resté. Elle avait placé une part d’elle en lui, et il jonglait avec sans s’en préoccuper tant que ça, malgré ses démentis.
Elle comprend les reproches derrière les mots. Il l’accuse de ne pas se soucier de lui, mais c’est presque tout le contraire. Si elle n’en avait rien à faire, que ferait-elle là ? A essuyer ses mots durs, à réfréner ses émotions… Dans d’autres circonstances, elle n’aurait même pas pris la peine de revenir, elle aurait laissé couler, serait restée dans son impression d’avoir raison. Si elle est venue, c’est qu’elle tient suffisamment à lui pour se remettre en question. N’est-ce pas évident ? Peut-être qu’elle devrait arrêter de penser à ce qui lui paraît évident et à commencer à le dire.

Mais ça ne s’arrête pas là. Pourquoi se contenter de simplement effleurer quelqu’un quand on peut le descendre ? Elle est tout ce qui est de bon ici, et toi… Et elle. Elle est toxique. Il n’a pas besoin de le dire, c’est dans l’insinuation, c’est dans son regard. La fureur dans ses yeux, la colère dans la voix quand il s’emporte… Elle ne le reconnaît pas, mais peut-être que c’est à son tour de révéler sa vraie personne, ce reliquat inhumain qui dormait en lui et qui par le passé a tué un homme…
Elle marque un mouvement de recul. Sa lèvre inférieure chute presque, révèle une fracture dans le marbre. On en revenait toujours à Elanor, à son innocence, aux différences fondamentales entre la blonde et elle. Malini n’a pas besoin qu’on lui répète à chaque fois qu’elle est à l’opposée d’Elanor Barnes. La recruteuse en a naturellement pris conscience, a bien compris qu’elles sont toutes les deux un bout d’un même éventail et qu’à l’instar de l’objet, elles ne fonctionnent bien que lorsqu’elles sont déployées l’une loin de l’autre. Elles ne peuvent pas cohabiter dans la même pièce, l’un des comportements finira par bouffer l’autre et Malini a déjà une idée bien précise de qui prendrait le dessus, comme le prouve la conversation du matin même.

« C’est ce qu’elle t’a raconté ? Que j’ai envie d’être comme elle ? Que je suis allée lui voler Beckett ? Tu crois à ces conneries ? » Elle répond d’un bref rire amer. Evidemment qu’Elanor s’est fait passer pour la victime dans toute cette histoire, qu’elle n’a raconté que les faits qui vont en sa faveur. « Elle a sûrement oublié de te mentionner qu’elle l’a repoussé. Parce que c’est plus simple de me faire passer pour la connasse dans l’histoire. Le monde est tout blanc ou tout noir hein ? »
Mais ça cogne dans ses tempes, la colère, la déception, la douleur. Ca tape dans sa poitrine, le cœur s’affole, le gouffre s’étend. Malini, elle ne relève pas sa dernière phrase. La quitter ? Qu’est-ce qu’il voulait dire par là ? Les dents se serrent. Elle en a assez qu’on l’enfonce à chaque fois quand elle est déjà au plus bas. « Mais tu sais quoi en fait ? Va te faire foutre ! Je m’en fous de cette fille, je veux pas lui ressembler et je veux pas qu’elle me ressemble. Je m’en fous que tu penses que je suis brisée et qu’elle pense que je suis toxique. Vous vivez dans votre petit monde avec vos petits espoirs, à espérer que les gens vont entrer dans votre moule. Et ça c’est un monde où j’ai certainement pas envie de vivre. Et j’en suis pas désolée ! » De rage, des larmes perlent au coin des yeux. Elle saute à pied joint sur le point de non retour. Plus elle y pense, plus son visage s’affaisse, laisse voir au grand jour les ravages. Brisée oui. « J’ai jamais prétendu être quelqu’un de bien, deal with it ! Si tu cherches juste quelqu’un sur qui transférer toute ta culpabilité pour espérer l’absolution, si t’as besoin que de personnes qui vont juste gonfler ton impression d’être bon, alors t’as raison, retourne voir Elanor. » Malini, elle se force à reculer, à se mettre en retrait. Les yeux balaient la scène ridicule qui se joue, à la recherche d'une porte de sortie. Peut-être bien qu'il existe une limite à son sang froid. « J'me tire de votre ville stupide, je vous laisse tranquille. Oublie-moi Ferguson. Je sais que moi je t'oublierai. »

C'est un mensonge, pur et simple. Mais c'est peut-être la solution. Éloigner le plus possible celui si susceptible de lui faire du mal, se prémunir de futures souffrances. Oublier les émotions, laisser l'errance l'emporter.  

 
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MessageSujet: Re: an eye for an eye, we'll leave the whole world blind   an eye for an eye, we'll leave the whole world blind EmptyVen 20 Oct - 19:58

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Il ne se reconnaît plus, il ne reconnaît plus aucun des mots qu’il prononce envers Malini. L’image est distordue, décalée - d’un côté, il y a la femme qui l’attire, la femme avec qui il aime vagabonder, retrouver un semblant d’existence, un semblant de lui-même. De l’autre, il y a leur affrontement - les mots qui se prononcent de part et d’autres, qui sont tous vrais, qui font tous mal, qui pourtant n’arrivent pas à pourrir l’affection que l’homme éprouve. Savoir qu’elle était avec Caden, se tapait Beckett, savoir toute la vérité sur elle n’y avait après tout pas suffit. Il tient à elle, envers et contre tout, et si ces quelques mois à l’éviter comme la peste lui ont appris avec, c’est qu’il ne pourra oublier Malini. Il lui faudra faire avec. Elle est une part de lui, et quelque soit leur équilibre instable, qu’ils se jettent dans leurs bras l’un de l’autre, ou à la gorge de l’autre, elle est trop liée lui, à son être pour qu’il l’oublie.
Ce qui fait du mal, ce qui fait tourner sa tête jusqu’au vertige, c’est que la femme des bois, la femme de la bibliothèque et celle qui lui fait face, prête à mordre, en pleine rue, c’est la même, la femme entière dont il rêve de caresser l'entièreté, de comprendre la complexité de son sourire.  Est-ce que c’est tout ce qu’ils avaient vécu, l’un et l’autre, parfois ensembles, parfois séparément qui avait été contenu jusqu’à présent, traumatismes qui se transformaient en destruction ? Il avait voulu pendant des mois qu’elle revienne, l’occasion de mettre les choses à plat - il l’avait espéré sans se le dire. Parce que l’ignorer faisait aussi mal que de la penser dans les bras de Beckett, de penser qu’elle se fiche du silence des bois sans le recruteur dans ses pas.

Il la regarde et il a mal, une douleur lancinante à l’emplacement de son coeur à chaque fois qu’il respire. Pire, qu’il ouvre la bouche. Il ne veut pas de cette conversation, pas comme cela. Il veut effacer les larmes qui perlent aux yeux de la brune, il veut la prendre dans ses bras et se laisser aller contre son torse jusqu’à y trouver le repos. L’écouter raconter des histoires au creux de ses bras, dans la nuit. Lui dire que c’est ce qu’il aime chez elle - qu’elle n’est pas comme Elanor. ”-Arrête!” Cela n’a aucun sens, et il se retrouve à crier contre elle, à essayer de faire passer sa voix au-dessus de la fureur de Malini, du gouffre béant qui s’écroule à leurs pieds et menace de les y emporter pour ne plus jamais replonger leur regard l’un dans l’autre. Même dans leurs piques, dans leur fausses remarques cinglantes, dans leurs taquineries, il y avait toujours une tension électrique, une envie de l’autre proche de la violente. Mais pas comme ça.
”- Arrête !” Répète Bass, férocement. Il veut lui dire qu’ils sont semblables, tous les deux, qu’ils se complètent, qu’ils se ressemblent. Qu’il ne veut pas de quelqu’un de bien, qu’il veut quelqu’un qui lui donne l’impression de le voir, lui, pour ce qu’il est, non pas sa pile d’erreur ou sa pile de secondes chances. Qu’elle est brisée mais que leurs pièces se soutiennent comme un puzzle, qu’il ne veut pas d’une femme parfaite, mais juste de la survivante si magnifique qu’elle est devenue. Une Malini qui est parfaite pour lui, si brisé, si à côté de la plaque et marginal. Mais s’il demande d’abord qu’elle se taise, qu’elle le laisse parler, qu’elle lui laisse dire la vérité, tenté une dernière fois… Non, cela disparaît alors qu’ils élèvent la voix, qu’il se met à crier pour avoir le dessus et que Malini réduit Bass au silence.

Cela heurte comme un poing en pleine face. Il secoue la tête, de droite à gauche, alors qu’il encaisse, les pieds figés dans le sol. Son coeur glacé, liquéfié d’horreur. Lorsque Malini balaie Olympia, elle balaie tout ce à quoi Bass s’accroche. Tout ce qui l’empêche de tourner le dos à la civilisation, à la communauté, et juste se laisser à survivre comme un loup ou comme un assassin, seul - pour mourir. Olympia, son espoir de repentir, c’est tout ce qu’il a. Sa seconde chance transformée en famille, et elle le sait. Il a essayé de lui faire comprendre ce qu’il voit dans Olympia - exactement ce qu’il ne voit pas en lui. Peut-être que c’est vain et qu’il se voile la face, mais c’est exactement ce qu’il ne veut pas entendre.. ”-  Tu n’as pas le droit de dire ça. Je ne suis pas meilleur que toi. Mais j’essaie ! Au moins, j’essaie de faire quelque chose de bien de ma vie. On a tous fait des erreurs, tu continues juste à vivre dedans ! Cela ne la ramènera pas ! ”’ Son souffle est haletant, peiné, il s’emballe et Bass recule, vacille sur ses pieds. Il pose ses yeux plein de larmes non versées vers le ciel, cherchant à garder sa contenance alors que ces mains tremblantes. Il ravale un rire blessé - il ne doute pas qu’elle l’oubliera. Tous ces mois, il se pensait oublié déjà. Mais la promesse cinglante ravive la plaie et y verse du ciel et il réplique simplement, presque doucement, la voix nouée mais ferme, pour toucher au but. ”- Je ne serais jamais absous. Mais toi non plus. Il y a des choses..” Il ravale ce qui pourrait les rapprocher, colmater les fêlures. Il ne dit pas ce à quoi il pense, laissant Malini imaginer.”-Non. Va voir ceux qui te rappellent à quel point tu crois que tu vaux rien. Va-t-en.- J’espère ne plus jamais te voir. Tire toi de ma ville. Je ne peux plus te voir.” Il répète, comme une marionnette brisé, et recule, recule en pleine rue, sans la lâcher des yeux, sans laisser les larmes brûlantes dans ses yeux couler sur ses joues barbues. Il a la main sur son couteau dans son étui, qui tremble, incontrôlable. Déchet d’être humain malgré la virlence de sa voix, le coeur brisé malgré la hargne dans son ton. Il partira, s'il était capable de se retourner contre Malini, de lui tourner le dos, et lui dire adieu de sa propre volonté.
 
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MessageSujet: Re: an eye for an eye, we'll leave the whole world blind   an eye for an eye, we'll leave the whole world blind EmptyMar 24 Oct - 21:34



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Ça ne la ramènera pas... Cinq mots qui lui sautent à la gorge et lui coupe toute entrée d'air. Elle s'étouffe littéralement sur ses mots et a l'impression de se ratatiner à vue d'oeil. Il aurait pu l'insulter de mille noms qu'il n'aurait pas réussi à lui faire autant mal. Parler d'elle, même sans la nommer, c'est l'assurance de provoquer mille émois chez la recruteuse, c'est l'assurance de la plonger dans les états les plus noirs de son esprit. Elle écarquille les yeux, surprise, déstabilisée, à court de répliques, à court de souffle, à court de vie... Ca ne la ramènera pas. Mais ça, elle le sait très bien. Elle pourrait vivre toute une vie de pénitence – elle en a l'intention – que ça ne la ramènerait pas. Elle pourrait ne plus jamais connaître le bonheur à nouveau que ça ne la ramènerait pas. C'est parfaitement ancré dans son esprit, mais se l'entendre dire fait quand même l'effet d'une claque.
Nisha. Son paradis perdu, sa raison de vivre, de survivre, de tout. La question lui avait traversé mille fois l'esprit : pourquoi continuer sans elle ? C'était la base de toutes ses pulsions suicidaires qui parfois la conduisaient trop près d'un ravin. Quand elle laissait la douleur pénétrer, quand elle se permettait des souvenirs, ça la frappait : rien ne valait la peine maintenant qu'elle n'était plus là. C'est pour ça que la plupart du temps, Malini réfrénait tout, faisait taire ses émotions quitte à passer dans le mode pilote automatique effrayant et fou qu'on lui connaissait. Si elle se permettait de souffrir, elle en crèverait. Simplement. Et puis il y avait aussi cette petite inquiétude qui pointait parfois dans son esprit. La peur qu'il n'y ait pas d'après, la peur de ne jamais la revoir, la peur que ça se soit vraiment arrêté six ans plus tôt.

Elle vacille un peu sur ses jambes maintenant qu'elle est face à ce que va devenir son existence : rentrer au ranch mener un quotidien insipide à essayer de trouver une étincelle dans les bras de Beckett. Il n'y aurait même plus d'excitation à sortir vagabonder dans les bois parce qu'il n'y aurait plus de jeu à gagner absolument contre Bass. Est-ce qu'elle était en train de le perdre ? Est-ce qu'il s'agissait d'une de ces brutales séparations au terme desquelles il n'y avait même pas l'infime espoir de construire un pont ? On dirait bien. Un continent entier les séparait à l'instant.
Malini détourne le regard quand les larmes au coin des yeux trouvent un chemin le long de ses joues. Bass n'a pas le droit de voir ça, il a perdu le droit de la voir craquer, de la voir brisée, de la voir humaine. Mais la joue qu'elle lui expose est celle décorée de l'hématome laissé par Abel, et ça non plus elle ne veut pas lui laisser le loisir d'observer. Le bougre serait capable de s'en réjouir. Pire, de s'en préoccuper.

Il ne veut plus jamais la revoir ? Bien. Parce qu'elle non plus. Enfin si, mais non. Alors elle hoche la tête, accepte sa sentence en silence, force même un rictus sur ses lèvres. "Ouais, excellente idée. J'aurais pas dit mieux." Et elle boirait un coup pour faire passer l'amertume de leur dispute, porterait un toast à leur futur l'un sans l'autre et se saoulerait ensuite sur les toits de l'écurie avec un certain maréchal-ferrant. Rappel d'une rupture comme celle d'il y a quelques mois. Parce qu'elle se rend compte qu'il s'agit d'une rupture. Il n'y a que des amoureux pour se disputer avec autant de passion.
Il n'y a rien à ajouter, rien qui puisse arranger leur situation, il n'y a que d'autres mots durs empilés dans un coin de son crâne mais qui ne peuvent que retomber à plat : ils ont atteint le point de non retour. Alors elle tourne les talons, commence à avancer, raide comme la justice, les bras croisés contre elle pour cacher leurs tremblements. Elle s'en fiche pas mal de savoir ce qu'il fait derrière elle et elle voudrait encore plus n'en avoir rien à foutre de ce qu'il devenait. Mais chaque pas plus loin de lui la diminuait.
Pendant quelques secondes, l'idée folle de se retourner, de lui courir après et de se répandre en excuse dans ses bras lui avaient traversé l'esprit. Une idée qui la pousse à s'arrêter et d'inspirer profondément pour chasser les émotions. Non. Malini, elle fait pas dans le pardon. Elle trace.

 
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